L'Église catholique allemande face à ses démons // Les ultra-orthodoxes prennent Jérusalem en otage | PROGRAMME | DW | 25.09.2018
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L'Église catholique allemande face à ses démons // Les ultra-orthodoxes prennent Jérusalem en otage

Huit ans après la révélation des premiers cas d'abus sexuel au sein de l'Église catholique allemande, une étude remet sur la table la question du célibat des prêtres. // Jérusalem va-t-elle tomber aux mains des ultraorthodoxes? À l'approche des élections municipales israéliennes, le 30 octobre, l'emprise des fondamentalistes se fait de plus en plus sentir dans la ville, les laïcs s'inquiètent.

"Nous avons besoin de courage et de force pour entreprendre un nouveau départ, pour donner des signes afin que les gens nous croient de nouveau. Car ils sont nombreux à ne plus nous croire."

Le cardinal Reinhard Marx a donné le "la" à l'ouverture, mardi 25 septembre 2018, de la rencontre d'automne des évêques d'Allemagne à Fulda, dans le centre du pays. 

 Trop longtemps, l'Église a nié les abus, a détourné le regard et les a dissimulés. Pour cette défaillance et pour toute la douleur, je demande pardon a déclaré le cardinal Reinhard Marx à Fulda

"Trop longtemps, l'Église a nié les abus, a détourné le regard et les a dissimulés. Pour cette défaillance et pour toute la douleur, je demande pardon" a déclaré le cardinal Reinhard Marx à Fulda

Le même jour, la conférence épiscopale a tenu un point de presse pour présenter une étude sur les cas d'abus sexuels commis au sein de l'Église catholique allemande au cours des sept dernières décennies. 

La partie visible de l'iceberg

Plus de 300 pages d'une enquête réalisée auprès de neuf évêchés sur les 27 que compte l'Allemagne. 3677 victimes ont ainsi été recensées entre 1946 et 2014... Victimes de 1670 prêtres, diacres et autres représentants de l'Église catholique. 

Mais ces chiffres n'entendent pas refléter la réalité, a expliqué le professeur Harald Dreßing, de l'Institut de Psychologie de Mannheim, qui a conduit l'étude.  

"Ces chiffres ne représentent en aucun cas celui de toutes les personnes concernées. Il s'agit des résultats de différentes approches méthodologiques. Ici on voit sans doute seulement le haut de l'iceberg."

Les auteurs de l'étude ont relevé un pourcentage plus élevé de jeunes garçons victimes d'abus sexuels. Et ils ont identifié deux facteurs de risque : le célibat des prêtres et l'attitude de l'Église vis-à-vis de l'homosexualité.

"Ni l'homosexualité ni le célibat ne peuvent expliquer à eux seuls les abus sexuels sur mineurs. Mais le mélange complexe entre l'imaturité sexuelle, le rejet, voire la négation d'un penchant homosexuel dans un entourage ambivalent et parfois homophobe, peuvent être des raisons pour le nombre important de victimes masculines dans les abus commis par des membres du clergé catholique."

Le désarroi des catholiques

Dans sa paroisse d'Oberhausen, le père Fabritz est encore ébranlé par l'ampleur du scandale.

"Je me demande parfois, que pensent les gens de toi? Que pensent-ils de la manière dont tu fais ton travail de prêtre? Est-ce qu'ils se demandent aussi parfois si chez moi tout est en ordre…?"

Évêques, stoppez les abus sexuels! Nous dénonçons

"Évêques, stoppez les abus sexuels! Nous dénonçons"

Le prêtre n'a pas attendu la présentation officielle de l'étude pour aborder le sujet avec ses paroissiens, il en a fait le thème de son prêche à la messe dominicale et évoque "un chapitre sombre, probablement le plus sombre de l'Église".

Après la messe, les fidèles se retrouvent pour un café. Et le scandale d'abus sexuels est le sujet numéro un des discussions.

"Je suis profondément bouleversé par le fait que l'Église ait caché tout ça sous le tapis pendant des décennies", affirme un paroissien. "De mon point de vue, il faut vraiment poursuivre les responsables, non seulement au sein de l'Église mais aussi au pénal." D'autres font part de leur tristesse et de leur colère. 

Une dame âgée donne son avis sur une des questions soulevées dans l'étude: "Je suis pour l'abrogation du célibat. Je pense que ça réduirait les cas".

Comme dans tous les pays où des scandales d'abus sexuels ont été révélés au grand jour - par exemple en Australie, au Chili ou aux États-Unis, les critiques portent aussi surtout sur la manière dont l'Église règle les cas qui remontent jusqu'à elle. Un problème que les auteurs de l'étude ont également souligné.

"La réaction de l'Église dans un nombre considérable de cas a été inadéquate", affirme le professeur Harald Dreßing. "La protection de l'institution et des auteurs d'abus a manifestement primé sur les intérêts des victimes."

Démissions "pour des raisons de santé"

Les victimes, Erika Kerstner les connaît bien. Elle a fondé il y a 16 ans l'Initiative des chrétiennes survivantes de violence, pour aider les femmes qui ont subi des abus sexuels dans leur enfance ou leur adolescence.

Le nombre de victimes d'actes pédophiles est bien plus élevé que celui relevé dans le rapport, qui n'a pas eu d'accès direct aux archives

Le nombre de victimes d'actes pédophiles est bien plus élevé que celui relevé dans le rapport, qui n'a pas eu d'accès direct aux archives

Sur son site web, elle documente quels responsables religieux ont démissionné ces dernières années en Allemagne, officiellement pour des raisons de santé. 

"Quand je vois que 40% des auteurs d'abus ont eu entre deux et cent victimes, je ne peux que constater que ceux qui les ont mutés dans d'autres paroisses ou institutions sont eux aussi impliqués dans leurs crimes. Le pape a dit il y a deux ans à son retour du Mexique qu'il attendait que ceux qui ont caché la vérité démissionnent. Je ne connais dans le monde aucun évêque qui a avoué de lui-même avoir dissimulé la vérité. C'est arrivé uniquement sous la pression de l'opinion publique."
 
Erika Kerstner réclame une prise en charge ciblée des victimes d'abus sexuels au sein de l'Église, mais aussi une meilleure prévention des futurs membres du clergé.

Le sujet qui devrait être abordé lors de la réunion de tous les présidents des conférences épiscopales du monde prévue en février 2019 au Vatican, sur invitation du pape François. 

 

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Les laïcs de Jérusalem s'inquiètent de l'avenir de leur ville

Le 30 octobre prochain, les Israéliens vont se rendre aux urnes pour les élections municipales, dans toutes les villes du pays. 

A Jérusalem, ces élections vont être décisives. L’actuel maire Nir Barkat, qui vient de rejoindre le Likoud pour entamer une carrière politique à l’échelle nationale, favorise depuis plusieurs années les juifs ultraorthodoxes de la ville, afin d’obtenir leur soutien électoral. 

De nouvelles lois visant à restreindre l'ouverture des commerces pendant le Shabbat divisent la population. 

Avec l’aide de la municipalité, les ultra-orthodoxes envahissent en effet petit à petit les quartiers laïcs de la ville. Même les bars du marché Mahané Yéhuda, lieu central de la vie nocturne estudiantine fréquenté par toutes les couches sociales de la ville, sont menacés, bien qu’ils soient déjà fermés pendant le Shabbat. Très bruyants, ils sont vus comme des lieux de débauche par les leaders ultraorthodoxes. 

Autre signe: les images de femmes ont quasiment disparu des affiches publicitaires de Jérusalem, dans les rues et sur les autobus.

Conséquence, les laïcs quittent petit à petit la ville. Ils représentent aujourd’hui seulement 21% de la population. L’élection du futur maire inquiète ceux qui sont restés.

Jérusalem, désignée comme la capitale d’Israël, un pays qui se proclame pourtant démocratique et laïque, va-t-elle tomber entre les mains des religieux de l’extrême ? Un reportage de notre correspondante Hélène Machline.